Livre du Deutéronome 8,2-3.14b-16a. Moïse disait au peuple d'Israël : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ? Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif. C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure. C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne – cette nourriture inconnue de tes pères. »
Psaume 147 12-13.14-15.19-20. Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants.
Il fait régner la paix à tes frontières, et d'un pain de froment te rassasie. Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.
Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ; nul autre n'a connu ses volontés.
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 10,16-17. Frères, la coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,51-58. En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS 14 juin 2020 « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée » (Dt 8, 2). Souviens-toi : avec cette invitation de Moïse s’est ouverte aujourd’hui la Parole de Dieu. Peu de temps après, Moïse réaffirmait : “n’oublie pas le Seigneur ton Dieu” . L’Ecriture nous a été donnée pour vaincre l’oubli de Dieu. Il est si important d’en faire mémoire quand nous prions ! comme l’enseigne un Psaume qui dit : « Je me souviens des exploits du Seigneur, je rappelle ta merveille de jadis » (76, 12). Aussi, les merveilles et les prodiges que le Seigneur a accomplis dans notre propre vie.
Il est essentiel de se souvenir du bien reçu : sans en faire mémoire, nous devenons étrangers à nous-mêmes, “passants” de l’existence ; sans mémoire nous nous déracinons du terrain qui nous nourrit et nous nous laissons emporter comme des feuilles par le vent. Faire mémoire au contraire est se renouer aux liens plus forts, c’est faire partie d’une histoire, c’est respirer avec un peuple. La mémoire n’est pas une chose privée, c’est la vie qui nous unit à Dieu et aux autres. Pour cela, dans la Bible, la mémoire du Seigneur sera transmise de génération en génération, sera racontée de père en fils, comme le dit ce beau passage : « Demain, quand ton fils te demandera : “ Quels sont donc ces édits, ces décrets et ces ordonnances que le Seigneur notre Dieu vous a prescrits ? ”, alors tu diras à ton fils : “Nous étions esclaves – toute l’histoire de l’esclavage - et sous nos yeux, le Seigneur a accompli des signes et des prodiges” » (Dt 6, 20-22). Tu transmettras la mémoire à ton fils.
Mais il y a un problème : si la chaîne de transmission des souvenirs s’interrompt ? Et puis, comment peut-on se souvenir de ce qu’on a seulement entendu dire, sans en avoir fait l’expérience ? Dieu sait combien elle est difficile, combien elle est fragile notre mémoire, et pour nous il a accompli une chose inouïe : il nous laissé un mémorial. Il ne nous a pas laissé seulement des paroles, parce qu’il est facile d’oublier ce qu’on lit. Il ne nous a pas laissé seulement des signes, parce qu’on peut aussi oublier ce qu’on voit. Il nous a donné une Nourriture, et il est difficile d’oublier une saveur. Il nous a laissé un Pain dans lequel Il est là, vivant et vrai, avec toute la saveur de son amour. En le recevant nous pouvons dire : “C’est le Seigneur, il se souvient de moi !”. C’est pourquoi Jésus nous a demandé : « Faites cela en mémoire de moi » (1 Co 11, 24). Faites : l’Eucharistie n’est pas un simple souvenir, c’est un fait : c’est la Pâques du Seigneur qui revit pour nous. Dans la Messe, la mort et la résurrection de Jésus sont devant nous. Faites cela en mémoire de moi : réunissez-vous et comme communauté, comme peuple, comme famille, célébrez l’Eucharistie pour vous rappeler de moi. Nous ne pouvons pas nous en passer, c’est le mémorial de Dieu. Et il guérit notre mémoire blessée.
Il guérit avant tout notre mémoire orpheline. Nous vivons dans une époque de tant de cas d’orphelins. Il guérit la mémoire orpheline. Beaucoup ont la mémoire marquée par le manque d’affection et par les déceptions brûlantes, reçues de celui qui aurait dû donner de l’amour et qui au contraire a rendu le cœur orphelin. Ou voudrait retourner en arrière et changer le passé, mais on ne peut pas. Mais Dieu peut guérir ces blessures, en mettant dans notre mémoire un amour plus grand : le sien. L’Eucharistie nous apporte l’amour fidèle du Père, qui guérit notre état d’orphelins. Elle nous donne l’amour de Jésus, qui a transformé un sépulcre de point d’arrivée en point de départ et de la même manière elle peut bouleverser nos vies. Elle nous remplit de l’amour de l’Esprit Saint, qui console, parce qu’il ne nous laisse jamais seuls, et soigne les blessures.
Avec l’Eucharistie le Seigneur guérit aussi notre mémoire négative, cette négativité qui vient si souvent dans notre cœur. Le Seigneur guérit cette mémoire négative, qui fait toujours ressortir les choses qui ne vont pas et laisse dans notre tête la triste idée que nous ne sommes bons à rien, que nous ne faisons que des erreurs, que nous sommes “mauvais”. Jésus vient nous dire que ce n’est pas le cas. Il est content de se faire intime à nous et, chaque fois que nous le recevons, il nous rappelle que nous sommes précieux : nous sommes des invités attendus à son banquet, les convives qu’il désire. Et pas seulement parce qu’il est généreux, mais parce qu’il est vraiment amoureux de nous : il voit et aime le beau et le bon que nous sommes. Le Seigneur sait que le mal et les péchés ne sont pas notre identité ; ce sont des maladies, des infections. Et il vient pour les soigner avec l’Eucharistie, qui contient les anticorps pour notre mémoire malade de négativité. Avec Jésus nous pouvons nous immuniser contre la tristesse. Nous aurons toujours devant nos yeux nos chutes, nos fatigues, les problèmes à la maison et au travail, les rêves non réalisés. Mais leur poids ne nous écrasera pas parce que, plus en profondeur, il y a Jésus qui nous encourage avec son amour. Voici la force de l’Eucharistie, qui nous transforme en porteurs de Dieu : porteurs de joie et non de négativité. Nous pouvons nous demander, nous qui allons à la Messe, qu’apportons-nous au monde ? Nous faisons la Communion et ensuite nous continuons à nous plaindre, à critiquer et à pleurer ? Mais cela n’améliore rien, tandis que la joie du Seigneur change la vie.
Enfin, l’Eucharistie guérit notre mémoire fermée. Les blessures que nous gardons à l’intérieur ne créent pas des problèmes seulement à nous, mais aussi aux autres. Elles nous rendent peureux et suspicieux : au début fermés, à la longue cyniques et indifférents. Elles nous amènent à réagir envers les autres avec détachement et arrogance, en nous leurrant que de cette manière nous pouvons contrôler les situations. Mais c’est un mensonge : seul l’amour guérit à la racine la peur et libère des fermetures qui emprisonnent. Jésus fait ainsi, en venant à notre rencontre avec douceur, dans la fragilité désarmante de l’Hostie ; Jésus fait ainsi, Pain rompu pour briser les coques de nos égoïsmes ; Jésus fait ainsi, lui qui se donne pour nous dire que c’est seulement en nous ouvrant que nous nous libérons des blocages intérieurs, des paralysies du cœur. Le Seigneur, en s’offrant à nous tout simplement comme le pain, nous invite aussi à ne pas gaspiller la vie en suivant mille choses inutiles qui créent des dépendances et laissent un vide à l’intérieur. L’Eucharistie éteint en nous la faim des choses et allume le désir de servir. Elle nous relève de notre confortable sédentarité, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seulement des bouches à nourrir, mais aussi ses mains pour nourrir le prochain. Il est urgent maintenant de prendre soin de celui qui a faim de nourriture et de dignité, de celui qui ne travaille pas et peine à aller de l’avant. Et le faire d’une manière concrète, comme concret est le Pain que Jésus nous donne. Il faut une proximité réelle, il faut de vraies chaînes de solidarité. Jésus dans l’Eucharistie se fait proche de nous : ne laissons pas seul celui qui nous est proche !
Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, nous célébrons le Corpus Domini, la fête de l’Eucharistie, le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur qu’Il a institué lors de la dernière Cène et qui constitue le trésor le plus précieux de l’Église. L’Eucharistie est comme le cœur battant qui donne vie à tout le corps mystique de l’Église : un organisme social totalement fondé sur le lien spirituel mais concret avec le Christ. C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul : « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1 Co 10,17). Sans l’Eucharistie, l’Église, tout simplement, n’existerait pas. C’est l’Eucharistie, en effet, qui fait d’une communauté humaine un mystère de communion, capable de porter Dieu au monde et le monde à Dieu. L’Esprit Saint, qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, transforme aussi tous ceux qui le reçoivent avec foi en membres du Corps du Christ, si bien que l’Église est réellement sacrement d’unité des hommes avec Dieu et entre eux.
Dans une culture toujours plus individualiste qui est celle dans laquelle nous sommes plongés dans les sociétés occidentales et qui tend à se répandre dans le monde entier, l’Eucharistie constitue une sorte d’« antidote » qui œuvre dans les esprits et dans les cœurs des croyants et sème continuellement en eux la logique de la communion, du service, du partage, en somme la logique de l’Évangile. Les premiers chrétiens, à Jérusalem, étaient un signe évident de ce nouveau style de vie parce qu’ils vivaient en fraternité et mettaient leurs biens en commun, afin qu’aucun ne soit dans l’indigence (cf. Ac 2, 42-47). De quoi tout cela dérive-t-il ? De l’Eucharistie, c’est-à-dire du Christ ressuscité, réellement présent au milieu de ses disciples et opérant avec la force de l’Esprit Saint. Dans les générations suivantes aussi, à travers les siècles, l’Église, malgré les limites et les erreurs humaines, a continué à être dans le monde une force de communion. Pensons en particulier aux périodes les plus difficiles, d’épreuve : qu’a signifié par exemple, pour les pays soumis à des régimes totalitaires, la possibilité de se retrouver à la messe dominicale ! Comme le disaient les anciens martyrs d’Abitène : Sine Dominico non possumus sans le Dominicum, c’est-à-dire sans l’Eucharistie dominicale, nous ne pouvons pas vivre. Mais le vide produit par la fausse liberté peut aussi être dangereux, et alors la communion avec le Corps du Christ est un remède de l’intelligence et de la volonté pour retrouver le goût de la vérité et du bien commun.
Chers amis, invoquons la Vierge Marie que mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II a défini comme « Femme eucharistique » (Ecclesia de Eucharistia, 53-58). À son école, que notre vie aussi devienne pleinement « eucharistique », ouverte à Dieu et aux autres, capable de transformer le mal en bien par la force de l’amour, tendue vers l’unité, la communion, la fraternité.
FAUSTI - L'Evangile de Jean, au lieu de raconter la Transfiguration, en fait la lentille à travers laquelle on peut voir tout le reste. En fait, il observe avec l'œil et le cœur neufs de celle qu'il aime, qui voit le visage de l'aimé en toute chose. Cette vision, loin d'être "visionnaire", est la plus réelle de toutes, car elle est faite à la lumière de Celui qui est la Lumière et la Vie de tout ce qui existe. Pour les gens qui marchaient dans le désert, la manne était la nourriture qui garantissait la vie physique, la loi était la nourriture qui garantissait la vie éternelle. Affirmant qu'Il est le Pain de Vie et que Sa Chair est la véritable Chair du nouvel Exode, Jésus s'attribue les prérogatives du Verbe. Elle se révèle ainsi comme l'accomplissement de ce que l'Exode et l'Alliance, et même avant la création, signifient : le plan de Dieu pour communiquer Sa Vie à l'homme. Le manger et L'assimiler, le Fils bien-aimé du Père qui aime ses frères, est la nouvelle loi. À ceux qui ne croient pas qu'Il peut donner la Vie éternelle parce qu'Il est homme, ils répondent que Son humanité même est la révélation définitive de Dieu. C'est pourquoi ceux qui ne l'acceptent pas, ne font pas les œuvres de Dieu et ne reçoivent pas la Vie. Sa Chair n'est pas une métaphore : c'est en fait Son Corps qui nous a été donné. Celui qui mange Sa Chair, le vrai Pain, se nourrit de Lui, reçoit le don suprême de Dieu : le Corps et le Sang du Fils, qui le met en communion de Vie avec Lui et avec le Père. Jean, selon son propre style, ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie, que les lecteurs connaissent, mais il préfère en faire comprendre le profond mystère, en rendant explicite ce que les autres Evangiles laissent implicite. En parlant de Chair et de Sang, il fait allusion à la croix où Jésus donnera son Corps et versera son Sang. C'est précisément Son humanité qui donne à l'homme ce dont tout est signe : Dieu Lui-même comme un don de Soi. Par elle, nous entrons en communion avec le Fils de Dieu qui est devenu le Fils de l'homme. Chaque autre pain est un symbole de ce qu'est la réalité. C'est pourquoi nous prenons chaque miette de pain - chaque réalité, aussi petite soit-elle - comme un signe de l'Amour du Père, nous Lui rendons grâce et partageons avec nos frères et sœurs, faisant circuler la Vie du Fils en tout et pour tous. L'Eucharistie est vraiment le salut pour nous et pour le monde entier. En fait, Elle fait de nous des enfants dans le Fils, en communion avec le Père, avec nos frères et sœurs et avec toute la création. Ce qui n'est pas l'objet de l'Eucharistie est mort et infecté par la mort. Cette fin de dialogue nous fait entrer dans le mystère de ce "surplus" de pain qui est maintenant présent dans chaque fragment de la création : c'est Dieu lui-même qui nous donne de vivre de Lui, de Son Amour. En fait, tout don implique le don de soi. La création, l'Exode et l'Alliance trouvent leur plénitude dans l'Eucharistie : c'est la fête du septième jour, la liberté des fils, le mariage entre le Créateur et la créature, le repos de l'un dans l'autre. Devant un Dieu qui se donne à nous - comment ne peut-il pas Se donner s'il est Amour - il n'y a que merveille et joie sans fin. C'est le mystère de l'amour : l'être aimé devient la vie de celui qui l'aime, "informant" tout son être, de son sentiment à sa pensée, de sa volonté à son action. Paul dit : "Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Je vis cette vie en la chair dans la foi du Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est donné pour moi". (Gal 2.20). En fait, cette nourriture nous donne la Vie du Fils !
H.U Balthasar - Pensées - Signe incompréhensible hissé au milieu du monde entre ciel et terre ! La mer divine chassée par la force dans la minuscule source du cœur d'un homme, l'immense chêne de la Divinité dans le fragile petit pot d'un cœur terrestre. Dieu, le Très-Haut, sur son trône de gloire, et le serviteur, agenouillé dans la poussière où il travaille et adore, l'Un et l'Autre ne sont plus distinguables... Conscience royale du Dieu éternel comprimée dans l'inconscient de l'humilité humaine. Tous les trésors de la Sagesse et de la Science de Dieu s'entassent dans l'étroite chambre de la pauvreté humaine... La lumière et la constante vapeur rouge pâle se répandent sur les champs angéliques blancs, et l'amour inaccessible du Père et du Fils prend la couleur de la tendresse et de la cordialité. Tous les mystères de Dieu, qui jusqu'à présent cachaient leur visage sous six ailes, sont découverts et sourient en direction des hommes là-bas.
Livre du Deutéronome 8,2-3.14b-16a.
RispondiEliminaMoïse disait au peuple d'Israël : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?
Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.
N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif. C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure.
C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne – cette nourriture inconnue de tes pères. »
Psaume 147
12-13.14-15.19-20.
Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.
Il fait régner la paix à tes frontières,
et d'un pain de froment te rassasie.
Il envoie sa parole sur la terre :
rapide, son verbe la parcourt.
Il révèle sa parole à Jacob,
ses volontés et ses lois à Israël.
Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ;
nul autre n'a connu ses volontés.
Première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens 10,16-17.
Frères, la coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Jean 6,51-58.
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS 14 juin 2020
RispondiElimina« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée » (Dt 8, 2). Souviens-toi : avec cette invitation de Moïse s’est ouverte aujourd’hui la Parole de Dieu. Peu de temps après, Moïse réaffirmait : “n’oublie pas le Seigneur ton Dieu” . L’Ecriture nous a été donnée pour vaincre l’oubli de Dieu. Il est si important d’en faire mémoire quand nous prions ! comme l’enseigne un Psaume qui dit : « Je me souviens des exploits du Seigneur, je rappelle ta merveille de jadis » (76, 12). Aussi, les merveilles et les prodiges que le Seigneur a accomplis dans notre propre vie.
Il est essentiel de se souvenir du bien reçu : sans en faire mémoire, nous devenons étrangers à nous-mêmes, “passants” de l’existence ; sans mémoire nous nous déracinons du terrain qui nous nourrit et nous nous laissons emporter comme des feuilles par le vent. Faire mémoire au contraire est se renouer aux liens plus forts, c’est faire partie d’une histoire, c’est respirer avec un peuple. La mémoire n’est pas une chose privée, c’est la vie qui nous unit à Dieu et aux autres. Pour cela, dans la Bible, la mémoire du Seigneur sera transmise de génération en génération, sera racontée de père en fils, comme le dit ce beau passage : « Demain, quand ton fils te demandera : “ Quels sont donc ces édits, ces décrets et ces ordonnances que le Seigneur notre Dieu vous a prescrits ? ”, alors tu diras à ton fils : “Nous étions esclaves – toute l’histoire de l’esclavage - et sous nos yeux, le Seigneur a accompli des signes et des prodiges” » (Dt 6, 20-22). Tu transmettras la mémoire à ton fils.
Mais il y a un problème : si la chaîne de transmission des souvenirs s’interrompt ? Et puis, comment peut-on se souvenir de ce qu’on a seulement entendu dire, sans en avoir fait l’expérience ? Dieu sait combien elle est difficile, combien elle est fragile notre mémoire, et pour nous il a accompli une chose inouïe : il nous laissé un mémorial. Il ne nous a pas laissé seulement des paroles, parce qu’il est facile d’oublier ce qu’on lit. Il ne nous a pas laissé seulement des signes, parce qu’on peut aussi oublier ce qu’on voit. Il nous a donné une Nourriture, et il est difficile d’oublier une saveur. Il nous a laissé un Pain dans lequel Il est là, vivant et vrai, avec toute la saveur de son amour. En le recevant nous pouvons dire : “C’est le Seigneur, il se souvient de moi !”. C’est pourquoi Jésus nous a demandé : « Faites cela en mémoire de moi » (1 Co 11, 24). Faites : l’Eucharistie n’est pas un simple souvenir, c’est un fait : c’est la Pâques du Seigneur qui revit pour nous. Dans la Messe, la mort et la résurrection de Jésus sont devant nous. Faites cela en mémoire de moi : réunissez-vous et comme communauté, comme peuple, comme famille, célébrez l’Eucharistie pour vous rappeler de moi. Nous ne pouvons pas nous en passer, c’est le mémorial de Dieu. Et il guérit notre mémoire blessée.
Il guérit avant tout notre mémoire orpheline. Nous vivons dans une époque de tant de cas d’orphelins. Il guérit la mémoire orpheline. Beaucoup ont la mémoire marquée par le manque d’affection et par les déceptions brûlantes, reçues de celui qui aurait dû donner de l’amour et qui au contraire a rendu le cœur orphelin. Ou voudrait retourner en arrière et changer le passé, mais on ne peut pas. Mais Dieu peut guérir ces blessures, en mettant dans notre mémoire un amour plus grand : le sien. L’Eucharistie nous apporte l’amour fidèle du Père, qui guérit notre état d’orphelins. Elle nous donne l’amour de Jésus, qui a transformé un sépulcre de point d’arrivée en point de départ et de la même manière elle peut bouleverser nos vies. Elle nous remplit de l’amour de l’Esprit Saint, qui console, parce qu’il ne nous laisse jamais seuls, et soigne les blessures.
Avec l’Eucharistie le Seigneur guérit aussi notre mémoire négative, cette négativité qui vient si souvent dans notre cœur. Le Seigneur guérit cette mémoire négative, qui fait toujours ressortir les choses qui ne vont pas et laisse dans notre tête la triste idée que nous ne sommes bons à rien, que nous ne faisons que des erreurs, que nous sommes “mauvais”. Jésus vient nous dire que ce n’est pas le cas. Il est content de se faire intime à nous et, chaque fois que nous le recevons, il nous rappelle que nous sommes précieux : nous sommes des invités attendus à son banquet, les convives qu’il désire. Et pas seulement parce qu’il est généreux, mais parce qu’il est vraiment amoureux de nous : il voit et aime le beau et le bon que nous sommes. Le Seigneur sait que le mal et les péchés ne sont pas notre identité ; ce sont des maladies, des infections. Et il vient pour les soigner avec l’Eucharistie, qui contient les anticorps pour notre mémoire malade de négativité. Avec Jésus nous pouvons nous immuniser contre la tristesse. Nous aurons toujours devant nos yeux nos chutes, nos fatigues, les problèmes à la maison et au travail, les rêves non réalisés. Mais leur poids ne nous écrasera pas parce que, plus en profondeur, il y a Jésus qui nous encourage avec son amour. Voici la force de l’Eucharistie, qui nous transforme en porteurs de Dieu : porteurs de joie et non de négativité. Nous pouvons nous demander, nous qui allons à la Messe, qu’apportons-nous au monde ? Nous faisons la Communion et ensuite nous continuons à nous plaindre, à critiquer et à pleurer ? Mais cela n’améliore rien, tandis que la joie du Seigneur change la vie.
RispondiEliminaEnfin, l’Eucharistie guérit notre mémoire fermée. Les blessures que nous gardons à l’intérieur ne créent pas des problèmes seulement à nous, mais aussi aux autres. Elles nous rendent peureux et suspicieux : au début fermés, à la longue cyniques et indifférents. Elles nous amènent à réagir envers les autres avec détachement et arrogance, en nous leurrant que de cette manière nous pouvons contrôler les situations. Mais c’est un mensonge : seul l’amour guérit à la racine la peur et libère des fermetures qui emprisonnent. Jésus fait ainsi, en venant à notre rencontre avec douceur, dans la fragilité désarmante de l’Hostie ; Jésus fait ainsi, Pain rompu pour briser les coques de nos égoïsmes ; Jésus fait ainsi, lui qui se donne pour nous dire que c’est seulement en nous ouvrant que nous nous libérons des blocages intérieurs, des paralysies du cœur. Le Seigneur, en s’offrant à nous tout simplement comme le pain, nous invite aussi à ne pas gaspiller la vie en suivant mille choses inutiles qui créent des dépendances et laissent un vide à l’intérieur. L’Eucharistie éteint en nous la faim des choses et allume le désir de servir. Elle nous relève de notre confortable sédentarité, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seulement des bouches à nourrir, mais aussi ses mains pour nourrir le prochain. Il est urgent maintenant de prendre soin de celui qui a faim de nourriture et de dignité, de celui qui ne travaille pas et peine à aller de l’avant. Et le faire d’une manière concrète, comme concret est le Pain que Jésus nous donne. Il faut une proximité réelle, il faut de vraies chaînes de solidarité. Jésus dans l’Eucharistie se fait proche de nous : ne laissons pas seul celui qui nous est proche !
BENOÎT XVI
RispondiEliminaANGÉLUS 26 juin 2011
Chers frères et sœurs !
Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, nous célébrons le Corpus Domini, la fête de l’Eucharistie, le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur qu’Il a institué lors de la dernière Cène et qui constitue le trésor le plus précieux de l’Église. L’Eucharistie est comme le cœur battant qui donne vie à tout le corps mystique de l’Église : un organisme social totalement fondé sur le lien spirituel mais concret avec le Christ. C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul : « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1 Co 10,17). Sans l’Eucharistie, l’Église, tout simplement, n’existerait pas. C’est l’Eucharistie, en effet, qui fait d’une communauté humaine un mystère de communion, capable de porter Dieu au monde et le monde à Dieu. L’Esprit Saint, qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, transforme aussi tous ceux qui le reçoivent avec foi en membres du Corps du Christ, si bien que l’Église est réellement sacrement d’unité des hommes avec Dieu et entre eux.
Dans une culture toujours plus individualiste qui est celle dans laquelle nous sommes plongés dans les sociétés occidentales et qui tend à se répandre dans le monde entier, l’Eucharistie constitue une sorte d’« antidote » qui œuvre dans les esprits et dans les cœurs des croyants et sème continuellement en eux la logique de la communion, du service, du partage, en somme la logique de l’Évangile. Les premiers chrétiens, à Jérusalem, étaient un signe évident de ce nouveau style de vie parce qu’ils vivaient en fraternité et mettaient leurs biens en commun, afin qu’aucun ne soit dans l’indigence (cf. Ac 2, 42-47). De quoi tout cela dérive-t-il ? De l’Eucharistie, c’est-à-dire du Christ ressuscité, réellement présent au milieu de ses disciples et opérant avec la force de l’Esprit Saint. Dans les générations suivantes aussi, à travers les siècles, l’Église, malgré les limites et les erreurs humaines, a continué à être dans le monde une force de communion. Pensons en particulier aux périodes les plus difficiles, d’épreuve : qu’a signifié par exemple, pour les pays soumis à des régimes totalitaires, la possibilité de se retrouver à la messe dominicale ! Comme le disaient les anciens martyrs d’Abitène : Sine Dominico non possumus sans le Dominicum, c’est-à-dire sans l’Eucharistie dominicale, nous ne pouvons pas vivre. Mais le vide produit par la fausse liberté peut aussi être dangereux, et alors la communion avec le Corps du Christ est un remède de l’intelligence et de la volonté pour retrouver le goût de la vérité et du bien commun.
Chers amis, invoquons la Vierge Marie que mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II a défini comme « Femme eucharistique » (Ecclesia de Eucharistia, 53-58). À son école, que notre vie aussi devienne pleinement « eucharistique », ouverte à Dieu et aux autres, capable de transformer le mal en bien par la force de l’amour, tendue vers l’unité, la communion, la fraternité.
FAUSTI - L'Evangile de Jean, au lieu de raconter la Transfiguration, en fait la lentille à travers laquelle on peut voir tout le reste. En fait, il observe avec l'œil et le cœur neufs de celle qu'il aime, qui voit le visage de l'aimé en toute chose. Cette vision, loin d'être "visionnaire", est la plus réelle de toutes, car elle est faite à la lumière de Celui qui est la Lumière et la Vie de tout ce qui existe.
RispondiEliminaPour les gens qui marchaient dans le désert, la manne était la nourriture qui garantissait la vie physique, la loi était la nourriture qui garantissait la vie éternelle.
Affirmant qu'Il est le Pain de Vie et que Sa Chair est la véritable Chair du nouvel Exode, Jésus s'attribue les prérogatives du Verbe. Elle se révèle ainsi comme l'accomplissement de ce que l'Exode et l'Alliance, et même avant la création, signifient : le plan de Dieu pour communiquer Sa Vie à l'homme.
Le manger et L'assimiler, le Fils bien-aimé du Père qui aime ses frères, est la nouvelle loi.
À ceux qui ne croient pas qu'Il peut donner la Vie éternelle parce qu'Il est homme, ils répondent que Son humanité même est la révélation définitive de Dieu.
C'est pourquoi ceux qui ne l'acceptent pas, ne font pas les œuvres de Dieu et ne reçoivent pas la Vie.
Sa Chair n'est pas une métaphore : c'est en fait Son Corps qui nous a été donné. Celui qui mange Sa Chair, le vrai Pain, se nourrit de Lui, reçoit le don suprême de Dieu : le Corps et le Sang du Fils, qui le met en communion de Vie avec Lui et avec le Père.
Jean, selon son propre style, ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie, que les lecteurs connaissent, mais il préfère en faire comprendre le profond mystère, en rendant explicite ce que les autres Evangiles laissent implicite.
En parlant de Chair et de Sang, il fait allusion à la croix où Jésus donnera son Corps et versera son Sang.
C'est précisément Son humanité qui donne à l'homme ce dont tout est signe : Dieu Lui-même comme un don de Soi.
Par elle, nous entrons en communion avec le Fils de Dieu qui est devenu le Fils de l'homme.
Chaque autre pain est un symbole de ce qu'est la réalité.
C'est pourquoi nous prenons chaque miette de pain - chaque réalité, aussi petite soit-elle - comme un signe de l'Amour du Père, nous Lui rendons grâce et partageons avec nos frères et sœurs, faisant circuler la Vie du Fils en tout et pour tous. L'Eucharistie est vraiment le salut pour nous et pour le monde entier. En fait, Elle fait de nous des enfants dans le Fils, en communion avec le Père, avec nos frères et sœurs et avec toute la création. Ce qui n'est pas l'objet de l'Eucharistie est mort et infecté par la mort.
Cette fin de dialogue nous fait entrer dans le mystère de ce "surplus" de pain qui est maintenant présent dans chaque fragment de la création : c'est Dieu lui-même qui nous donne de vivre de Lui, de Son Amour.
En fait, tout don implique le don de soi.
La création, l'Exode et l'Alliance trouvent leur plénitude dans l'Eucharistie : c'est la fête du septième jour, la liberté des fils, le mariage entre le Créateur et la créature, le repos de l'un dans l'autre. Devant un Dieu qui se donne à nous - comment ne peut-il pas Se donner s'il est Amour - il n'y a que merveille et joie sans fin.
C'est le mystère de l'amour : l'être aimé devient la vie de celui qui l'aime, "informant" tout son être, de son sentiment à sa pensée, de sa volonté à son action.
Paul dit : "Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Je vis cette vie en la chair dans la foi du Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est donné pour moi". (Gal 2.20).
En fait, cette nourriture nous donne la Vie du Fils !
H.U Balthasar - Pensées - Signe incompréhensible hissé au milieu du monde entre ciel et terre !
RispondiEliminaLa mer divine chassée par la force dans la minuscule source du cœur d'un homme, l'immense chêne de la Divinité dans le fragile petit pot d'un cœur terrestre.
Dieu, le Très-Haut, sur son trône de gloire, et le serviteur, agenouillé dans la poussière où il travaille et adore, l'Un et l'Autre ne sont plus distinguables...
Conscience royale du Dieu éternel comprimée dans l'inconscient de l'humilité humaine.
Tous les trésors de la Sagesse et de la Science de Dieu s'entassent dans l'étroite chambre de la pauvreté humaine...
La lumière et la constante vapeur rouge pâle se répandent sur les champs angéliques blancs, et l'amour inaccessible du Père et du Fils prend la couleur de la tendresse et de la cordialité.
Tous les mystères de Dieu, qui jusqu'à présent cachaient leur visage sous six ailes, sont découverts et sourient en direction des hommes là-bas.