Livre du Lévitique 19,1-2.17-18. Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. »
Psaume 103(102) Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse.
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; il n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses.
Aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés. comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint !
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 3,16-23. Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : ‘C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté.’ Il est écrit encore : ‘Le Seigneur le sait : les raisonnements des sages n’ont aucune valeur !’ Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,38-48. En ce temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, et dent pour dent’. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! » Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.’ Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS 23 -2-2020 Jésus cite la loi ancienne : « Œil pour œil, et dent pour dent » (Mt 5, 38; Ex 21, 24). Nous savons ce que cela voulait dire : à celui qui te prend quelque chose, tu lui prendras la même chose. C’était en réalité un grand progrès parce cela empêchait des représailles plus graves : si quelqu’un t’a fait du mal, tu lui rendras avec la même mesure, tu ne pourras pas lui faire pire. Equilibrer les différends était un pas en avant. Et pourtant Jésus va plus loin, bien plus loin : « Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » (Mt 5, 39). Mais comment, Seigneur ? Si quelqu’un pense mal de moi, si quelqu’un me fait du mal, je ne peux pas le lui rendre avec la même monnaie ? “Non”, dit Jésus : non-violence, aucune violence.
Nous pouvons penser que l’enseignement de Jésus poursuit une stratégie : à la fin, le mauvais renoncera. Mais ce n’est pas cela le motif pour lequel Jésus demande d’aimer même celui qui nous fait du mal. Quelle est la raison ? Que le Père, notre Père, aime toujours tout le monde, même si cela n’est pas réciproque. Il « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (v. 45). Et aujourd’hui, dans la première Lecture, il nous dit : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2). Autrement dit : “Vivez comme moi, cherchez ce que je cherche”. Jésus a fait ainsi. Il n’a pas pointé du doigt ceux qui l’ont condamné injustement et tué cruellement, mais il leur a ouvert les bras sur la croix. Et il a pardonné à celui qui a mis les clous dans ses poignets (cf. Lc 23, 33-34).
Alors, si nous voulons être disciples du Christ, si nous voulons nous dire chrétiens, c’est le chemin. Il n’y en a pas d’autre. Aimés de Dieu, nous sommes appelés à aimer ; pardonnés, à pardonner ; touchés par l’amour, à donner l’amour sans attendre que les autres commencent ; sauvés gratuitement, à ne rechercher aucun bénéfice dans le bien que nous faisons. Mais tu pourrais dire : “Mais Jésus exagère ! Il dit même : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5, 44) ; il parle ainsi pour attirer l’attention, mais il ne le pense peut-être pas vraiment”. Mais si, il le pense vraiment. Jésus n’use pas de paradoxes, il parle sans ambages. Il est direct et clair. Il cite la loi ancienne et il dit solennellement : “Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis”. Ce sont des paroles voulues, des paroles précises.
Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. C’est la nouveauté chrétienne. C’est la différence chrétienne. Prier et aimer : voici ce que nous devons faire ; et pas seulement envers celui qui nous aime, pas seulement envers les amis, pas seulement envers notre peuple. Parce que l’amour de Jésus ne connaît pas de frontières ni de barrières. Le Seigneur nous demande le courage d’un amour sans calculs. Parce que la mesure de Jésus est l’amour sans mesure. Combien de fois n’avons-nous pas négligé ses requêtes, en nous comportant comme tout le monde ! Et pourtant, le commandement de l’amour n’est pas une simple provocation, il se trouve au cœur de l’Evangile. Sur l’amour envers tous, nous n’acceptons pas d’excuses, nous ne prêchons pas des complaisances confortables. Le Seigneur n’a pas été complaisant, il n’a pas fait de concessions, il nous a demandé l’extrémisme de la charité. C’est l’unique extrémisme chrétien autorisé : l’extrémisme de l’amour.
--->Aimez vos ennemis. Ça nous fera du bien aujourd’hui de répéter à nous-mêmes, pendant la Messe et après, ces paroles et de les appliquer aux personnes qui nous maltraitent, qui nous dérangent, que nous avons du mal à accueillir, qui nous enlèvent la sérénité. Aimez vos ennemis. Ça nous fera aussi du bien de nous poser des questions : “Moi, de quoi je me préoccupe dans la vie : des ennemis, de celui qui me veut du mal ? Ou d’aimer ?”. Ne te préoccupe pas de la méchanceté des autres, de celui qui pense mal de toi. Commence au contraire par désarmer ton cœur par amour de Jésus. Parce que celui qui aime Dieu n’a pas d’ennemis dans le cœur. Le culte à Dieu est le contraire de la culture de la haine. Et la culture de la haine se combat en luttant contre le culte de la plainte. Combien de fois nous nous plaignons pour ce que nous ne recevons pas, pour ce qui ne va pas ! Jésus sait que beaucoup de choses ne vont pas, qu’il y aura toujours quelqu’un qui nous voudra du mal, même quelqu’un qui nous persécutera. Mais il nous demande seulement de prier et d’aimer. Voici la révolution de Jésus, la plus grande de l’histoire : de l’ennemi à haïr à l’ennemi à aimer, du culte de la plainte à la culture du don. Si nous appartenons à Jésus, c’est le chemin ! Il n’y en a pas d’autre.
C’est vrai mais tu peux objecter : “Je comprends la grandeur de l’idéal, mais dans la vie c’est autre chose ! Si j’aime et si je pardonne, je ne survis pas dans ce monde où prévaut la logique de la force et où il semble que chacun ne pense qu’à soi”. Mais alors, la logique de Jésus est-elle perdante ? Elle est perdante aux yeux du monde, mais gagnante aux yeux de Dieu. Saint Paul nous a dit dans la deuxième Lecture : « Que personne ne s’y trompe, car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Co 3, 18-19). Dieu voit plus loin. Il sait comment l’on gagne. Il sait que le mal se vainc seulement par le bien. Il nous a sauvés ainsi : non par le glaive mais par la croix. Aimer et pardonner, c’est vivre comme des vainqueurs. Nous perdrons si nous défendons la foi par la force. Le Seigneur répéterait, à nous aussi, les paroles qu’il a dites à Pierre à Gethsémani : « Remets ton épée au fourreau » (Jn 18, 11). Dans les Gethsémani d’aujourd’hui, dans notre monde indifférent et injuste, où il semble qu’on assiste à l’agonie de l’espérance, le chrétien ne peut pas faire comme ces disciples qui ont d’abord pris l’épée avant de s’enfuir. Non, la solution n’est pas de sortir l’épée contre quelqu’un et encore moins de fuir les temps que nous vivons. La solution est la voie de Jésus : l’amour actif, l’amour humble, l’amour « jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
Chers frères et sœurs, aujourd’hui Jésus, avec son amour sans limites, met haut la barre de notre humanité. A la fin, nous pouvons nous demander : “Et nous, allons-nous réussir ?”. Si le but avait été impossible, le Seigneur ne nous aurait pas demandé de l’atteindre. Mais seuls, c’est difficile ; c’est une grâce qui doit être demandée. Demander à Dieu la force d’aimer, lui dire : “Seigneur, aide-moi à aimer, enseigne-moi à pardonner. Je ne peux pas tout seul, j’ai besoin de Toi”. Et la grâce de voir les autres, non pas comme des obstacles et des complications, mais comme des frères et des sœurs à aimer, doit être demandée. Très souvent, nous demandons des aides et des grâces pour nous, mais nous demandons si peu de savoir aimer ! Nous ne demandons pas assez de savoir vivre le cœur de l’Evangile, d’être vraiment chrétiens. Mais « au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » (S. Jean de la Croix, Parole de lumière et d’amour, 57). Choisissons aujourd’hui l’amour, même s’il coûte, même s’il va à contre-courant. Ne nous laissons pas conditionner par la pensée commune, ne nous contentons pas des demi-mesures. Accueillons le défi de Jésus, le défi de la charité. Nous serons de vrais chrétiens et le monde sera plus humain.
FAUSTI - Jésus propose et donne la nouvelle économie de l'amour, qui surmonte celle de l'égoïsme. Cinq exemples suivent, qui sont aussi cinq règles qui montrent comment vaincre le mal par le bien. (Rom 12:21). La première règle pour vaincre le mal est de s'opposer au mal et non au mauvais. Le mal blesse avant tout ceux qui le font, et il ne doit pas être rendu. Le méchant, la première victime du mal, est mon frère, qui doit être aimé avec plus de cœur. Jésus aime les pécheurs parce qu'il déteste le péché ; je déteste les pécheurs parce que j'aime le péché. Les pécheurs sont pour Lui un objet de compassion, pour moi un objet de détestation. Mon antipathie pour le pécheur révèle ma sympathie pour le péché, ma dissociation du méchant ma participation au mal. Seulement un cœur pur aime tendrement le pécheur. Il a cette com-passion qui surmonte le mal en tant que tel. . Au lieu de le rendre en le doublant, il a la force de l'assumer, de souffrir avec l'autre, comme l'Agneau de Dieu qui porte et enlève le péché du monde (Jn 1, 29). Si la première règle pour vaincre le mal est de ne pas le rendre, la seconde est la volonté de le supporter au double afin de ne pas le doubler. La "tolérance" chrétienne n'est pas l'indifférence au mal, mais la force de tolérer (amener) sur soi le mal de l'autre : c'est la capacité "d'élever" les charges des uns et des autres, l'accomplissement de la Loi du Christ (Gal 6,2). L'amour libre est rare, avec lequel l'un accueille l'autre tel qu'il est. Nous en avons tous besoin - celui qui n'est pas aimé ni accueilli par personne, n'existe pas! - pour nous aimer nous-mêmes et aimer à notre tour, comme nous sommes aimés. En lisant la Bible, on doit tenir compte du fait que Dieu parle une langue humaine. Il y a une évolution dans la révélation, du Dieu fort et formidable, commun à tous les peuples, au Dieu miséricordieux et durable et d'un grand amour qui se laisse attendrir (Gn 4, 2). Dans l'ère messianique, les épées seront entraînées en dialogue et les lances en faux (Is 2, 4). Alors le loup habitera aussi avec l'agneau, et la sagesse de l'Éternel remplira le pays comme les eaux couvrent la mer (Is 11,6,9). Avec Jésus est venu ce nouveau temps. L'amour de l'ennemi est l'essence même du christianisme. Aimer l'ennemi, c'est avoir connu Dieu dans l'Esprit. Car Dieu n'a pas d'ennemis, mais seulement des enfants, qui sont pour moi des frères et des sœurs à aimer. Comme tous les impératifs de Jésus, ce ne sont pas des fardeaux impossibles, mais des dons libérateurs. Celui qui n'aime pas l'ennemi, n'a pas encore l'Esprit du Seigneur, qui ici même révèle l'infinité et la gratuité de Son Amour. (Rom 5:6-11). Maintenant, en aimant les ennemis et en priant pour les persécuteurs, je deviens ce que je suis : Fils du Père. Si je n'aime pas l'ennemi, je suis l'ennemi de Dieu, je ne me considère pas comme son fils, et je ne peux pas dire "Notre Père". Dieu ne coupe pas le courant et l'eau à ceux qui ne paient pas la facture. Son soleil et sa pluie, son amour et sa miséricorde, sont pour tous, car chacun le reconnaît comme un fils, attendant que quelqu'un Le reconnaisse comme Père, acceptant les autres comme des frères. Aimer avec intérêt est l'affaire de tous, même des pécheurs. L'amour de l'ennemi, au contraire, est une révélation évidente de l'amour sans réserve de Dieu. "Soyez donc vous mêmes parfaits" Le discours sur la montagne est une chaîne de montagnes. Ce verset est le point d'arrivée le plus élevé, le pic panoramique, d'où l'on peut tout voir. "Soyez saints parce que je suis saint" (LV 11:44-45-17,1 - 19,21) est le principe de la loi. L'homme est à l'image de Dieu : il n'est lui-même que s'il est comme Lui, "le Saint". La sainteté est un attribut exclusif de Dieu : Lui seul est Dieu, Saint, Autre que tout autre.
-->Son "altérité" nous est révélée par Jésus. C'est celle du Père qui aime les justes et les pécheurs. Sur la croix, où tout s'accomplira (Jn 19, 30) et où Il sera reconnu comme le Fils (27, 54), nous voyons la sainteté du Père, dont Il est la parfaite réalisation. Cette sainteté ne nous sépare pas du monde et du pécheur, mais devient une compassion qui se compromet dans chaque situation, une miséricorde qui entre dans chaque misère. Luc traduit ce verset de Matthieu comme suit : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux" (Lc 6,36), où "miséricordieux" fait un mot hébreu signifiant " le sein maternel ". La caractéristique de Dieu le Père est d'être Mère ! La miséricorde est plus purifiante que toute "sainteté" qui divise le bien et le mal. C'est la sainteté brûlante de la Croix, l'Autre Sainteté, de l'autre, que nous rencontrons en chacun, y compris l'ennemi !
Livre du Lévitique 19,1-2.17-18.
RispondiEliminaLe Seigneur parla à Moïse et dit :
« Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui.
Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. »
Psaume 103(102)
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d'amour et de tendresse.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d'amour ;
il n'agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Aussi loin qu'est l'orient de l'occident,
il met loin de nous nos péchés.
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !
Première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens 3,16-23.
Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous.
Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage.
Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : ‘C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté.’
Il est écrit encore : ‘Le Seigneur le sait : les raisonnements des sages n’ont aucune valeur !’
Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient,
que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous,
mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Matthieu 5,38-48.
En ce temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, et dent pour dent’.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,
afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
RispondiElimina23 -2-2020
Jésus cite la loi ancienne : « Œil pour œil, et dent pour dent » (Mt 5, 38; Ex 21, 24). Nous savons ce que cela voulait dire : à celui qui te prend quelque chose, tu lui prendras la même chose. C’était en réalité un grand progrès parce cela empêchait des représailles plus graves : si quelqu’un t’a fait du mal, tu lui rendras avec la même mesure, tu ne pourras pas lui faire pire. Equilibrer les différends était un pas en avant. Et pourtant Jésus va plus loin, bien plus loin : « Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » (Mt 5, 39). Mais comment, Seigneur ? Si quelqu’un pense mal de moi, si quelqu’un me fait du mal, je ne peux pas le lui rendre avec la même monnaie ? “Non”, dit Jésus : non-violence, aucune violence.
Nous pouvons penser que l’enseignement de Jésus poursuit une stratégie : à la fin, le mauvais renoncera. Mais ce n’est pas cela le motif pour lequel Jésus demande d’aimer même celui qui nous fait du mal. Quelle est la raison ? Que le Père, notre Père, aime toujours tout le monde, même si cela n’est pas réciproque. Il « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (v. 45). Et aujourd’hui, dans la première Lecture, il nous dit : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2). Autrement dit : “Vivez comme moi, cherchez ce que je cherche”. Jésus a fait ainsi. Il n’a pas pointé du doigt ceux qui l’ont condamné injustement et tué cruellement, mais il leur a ouvert les bras sur la croix. Et il a pardonné à celui qui a mis les clous dans ses poignets (cf. Lc 23, 33-34).
Alors, si nous voulons être disciples du Christ, si nous voulons nous dire chrétiens, c’est le chemin. Il n’y en a pas d’autre. Aimés de Dieu, nous sommes appelés à aimer ; pardonnés, à pardonner ; touchés par l’amour, à donner l’amour sans attendre que les autres commencent ; sauvés gratuitement, à ne rechercher aucun bénéfice dans le bien que nous faisons. Mais tu pourrais dire : “Mais Jésus exagère ! Il dit même : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5, 44) ; il parle ainsi pour attirer l’attention, mais il ne le pense peut-être pas vraiment”. Mais si, il le pense vraiment. Jésus n’use pas de paradoxes, il parle sans ambages. Il est direct et clair. Il cite la loi ancienne et il dit solennellement : “Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis”. Ce sont des paroles voulues, des paroles précises.
Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. C’est la nouveauté chrétienne. C’est la différence chrétienne. Prier et aimer : voici ce que nous devons faire ; et pas seulement envers celui qui nous aime, pas seulement envers les amis, pas seulement envers notre peuple. Parce que l’amour de Jésus ne connaît pas de frontières ni de barrières. Le Seigneur nous demande le courage d’un amour sans calculs. Parce que la mesure de Jésus est l’amour sans mesure. Combien de fois n’avons-nous pas négligé ses requêtes, en nous comportant comme tout le monde ! Et pourtant, le commandement de l’amour n’est pas une simple provocation, il se trouve au cœur de l’Evangile. Sur l’amour envers tous, nous n’acceptons pas d’excuses, nous ne prêchons pas des complaisances confortables. Le Seigneur n’a pas été complaisant, il n’a pas fait de concessions, il nous a demandé l’extrémisme de la charité. C’est l’unique extrémisme chrétien autorisé : l’extrémisme de l’amour.
--->Aimez vos ennemis. Ça nous fera du bien aujourd’hui de répéter à nous-mêmes, pendant la Messe et après, ces paroles et de les appliquer aux personnes qui nous maltraitent, qui nous dérangent, que nous avons du mal à accueillir, qui nous enlèvent la sérénité. Aimez vos ennemis. Ça nous fera aussi du bien de nous poser des questions : “Moi, de quoi je me préoccupe dans la vie : des ennemis, de celui qui me veut du mal ? Ou d’aimer ?”. Ne te préoccupe pas de la méchanceté des autres, de celui qui pense mal de toi. Commence au contraire par désarmer ton cœur par amour de Jésus. Parce que celui qui aime Dieu n’a pas d’ennemis dans le cœur. Le culte à Dieu est le contraire de la culture de la haine. Et la culture de la haine se combat en luttant contre le culte de la plainte. Combien de fois nous nous plaignons pour ce que nous ne recevons pas, pour ce qui ne va pas ! Jésus sait que beaucoup de choses ne vont pas, qu’il y aura toujours quelqu’un qui nous voudra du mal, même quelqu’un qui nous persécutera. Mais il nous demande seulement de prier et d’aimer. Voici la révolution de Jésus, la plus grande de l’histoire : de l’ennemi à haïr à l’ennemi à aimer, du culte de la plainte à la culture du don. Si nous appartenons à Jésus, c’est le chemin ! Il n’y en a pas d’autre.
RispondiEliminaC’est vrai mais tu peux objecter : “Je comprends la grandeur de l’idéal, mais dans la vie c’est autre chose ! Si j’aime et si je pardonne, je ne survis pas dans ce monde où prévaut la logique de la force et où il semble que chacun ne pense qu’à soi”. Mais alors, la logique de Jésus est-elle perdante ? Elle est perdante aux yeux du monde, mais gagnante aux yeux de Dieu. Saint Paul nous a dit dans la deuxième Lecture : « Que personne ne s’y trompe, car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Co 3, 18-19). Dieu voit plus loin. Il sait comment l’on gagne. Il sait que le mal se vainc seulement par le bien. Il nous a sauvés ainsi : non par le glaive mais par la croix. Aimer et pardonner, c’est vivre comme des vainqueurs. Nous perdrons si nous défendons la foi par la force. Le Seigneur répéterait, à nous aussi, les paroles qu’il a dites à Pierre à Gethsémani : « Remets ton épée au fourreau » (Jn 18, 11). Dans les Gethsémani d’aujourd’hui, dans notre monde indifférent et injuste, où il semble qu’on assiste à l’agonie de l’espérance, le chrétien ne peut pas faire comme ces disciples qui ont d’abord pris l’épée avant de s’enfuir. Non, la solution n’est pas de sortir l’épée contre quelqu’un et encore moins de fuir les temps que nous vivons. La solution est la voie de Jésus : l’amour actif, l’amour humble, l’amour « jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
Chers frères et sœurs, aujourd’hui Jésus, avec son amour sans limites, met haut la barre de notre humanité. A la fin, nous pouvons nous demander : “Et nous, allons-nous réussir ?”. Si le but avait été impossible, le Seigneur ne nous aurait pas demandé de l’atteindre. Mais seuls, c’est difficile ; c’est une grâce qui doit être demandée. Demander à Dieu la force d’aimer, lui dire : “Seigneur, aide-moi à aimer, enseigne-moi à pardonner. Je ne peux pas tout seul, j’ai besoin de Toi”. Et la grâce de voir les autres, non pas comme des obstacles et des complications, mais comme des frères et des sœurs à aimer, doit être demandée. Très souvent, nous demandons des aides et des grâces pour nous, mais nous demandons si peu de savoir aimer ! Nous ne demandons pas assez de savoir vivre le cœur de l’Evangile, d’être vraiment chrétiens. Mais « au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » (S. Jean de la Croix, Parole de lumière et d’amour, 57). Choisissons aujourd’hui l’amour, même s’il coûte, même s’il va à contre-courant. Ne nous laissons pas conditionner par la pensée commune, ne nous contentons pas des demi-mesures. Accueillons le défi de Jésus, le défi de la charité. Nous serons de vrais chrétiens et le monde sera plus humain.
FAUSTI - Jésus propose et donne la nouvelle économie de l'amour, qui surmonte celle de l'égoïsme. Cinq exemples suivent, qui sont aussi cinq règles qui montrent comment vaincre le mal par le bien. (Rom 12:21).
RispondiEliminaLa première règle pour vaincre le mal est de s'opposer au mal et non au mauvais. Le mal blesse avant tout ceux qui le font, et il ne doit pas être rendu. Le méchant, la première victime du mal, est mon frère, qui doit être aimé avec plus de cœur. Jésus aime les pécheurs parce qu'il déteste le péché ; je déteste les pécheurs parce que j'aime le péché. Les pécheurs sont pour Lui un objet de compassion, pour moi un objet de détestation. Mon antipathie pour le pécheur révèle ma sympathie pour le péché, ma dissociation du méchant ma participation au mal.
Seulement un cœur pur aime tendrement le pécheur. Il a cette com-passion qui surmonte le mal en tant que tel. . Au lieu de le rendre en le doublant, il a la force de l'assumer, de souffrir avec l'autre, comme l'Agneau de Dieu qui porte et enlève le péché du monde (Jn 1, 29).
Si la première règle pour vaincre le mal est de ne pas le rendre, la seconde est la volonté de le supporter au double afin de ne pas le doubler. La "tolérance" chrétienne n'est pas l'indifférence au mal, mais la force de tolérer (amener) sur soi le mal de l'autre : c'est la capacité "d'élever" les charges des uns et des autres, l'accomplissement de la Loi du Christ (Gal 6,2). L'amour libre est rare, avec lequel l'un accueille l'autre tel qu'il est. Nous en avons tous besoin - celui qui n'est pas aimé ni accueilli par personne, n'existe pas! - pour nous aimer nous-mêmes et aimer à notre tour, comme nous sommes aimés.
En lisant la Bible, on doit tenir compte du fait que Dieu parle une langue humaine.
Il y a une évolution dans la révélation, du Dieu fort et formidable, commun à tous les peuples, au Dieu miséricordieux et durable et d'un grand amour qui se laisse attendrir (Gn 4, 2). Dans l'ère messianique, les épées seront entraînées en dialogue et les lances en faux (Is 2, 4). Alors le loup habitera aussi avec l'agneau, et la sagesse de l'Éternel remplira le pays comme les eaux couvrent la mer (Is 11,6,9).
Avec Jésus est venu ce nouveau temps.
L'amour de l'ennemi est l'essence même du christianisme. Aimer l'ennemi, c'est avoir connu Dieu dans l'Esprit. Car Dieu n'a pas d'ennemis, mais seulement des enfants, qui sont pour moi des frères et des sœurs à aimer.
Comme tous les impératifs de Jésus, ce ne sont pas des fardeaux impossibles, mais des dons libérateurs. Celui qui n'aime pas l'ennemi, n'a pas encore l'Esprit du Seigneur, qui ici même révèle l'infinité et la gratuité de Son Amour. (Rom 5:6-11). Maintenant, en aimant les ennemis et en priant pour les persécuteurs, je deviens ce que je suis : Fils du Père. Si je n'aime pas l'ennemi, je suis l'ennemi de Dieu, je ne me considère pas comme son fils, et je ne peux pas dire "Notre Père".
Dieu ne coupe pas le courant et l'eau à ceux qui ne paient pas la facture. Son soleil et sa pluie, son amour et sa miséricorde, sont pour tous, car chacun le reconnaît comme un fils, attendant que quelqu'un Le reconnaisse comme Père, acceptant les autres comme des frères.
Aimer avec intérêt est l'affaire de tous, même des pécheurs.
L'amour de l'ennemi, au contraire, est une révélation évidente de l'amour sans réserve de Dieu.
"Soyez donc vous mêmes parfaits" Le discours sur la montagne est une chaîne de montagnes.
Ce verset est le point d'arrivée le plus élevé, le pic panoramique, d'où l'on peut tout voir.
"Soyez saints parce que je suis saint" (LV 11:44-45-17,1 - 19,21) est le principe de la loi.
L'homme est à l'image de Dieu : il n'est lui-même que s'il est comme Lui, "le Saint".
La sainteté est un attribut exclusif de Dieu : Lui seul est Dieu, Saint, Autre que tout autre.
-->Son "altérité" nous est révélée par Jésus. C'est celle du Père qui aime les justes et les pécheurs.
RispondiEliminaSur la croix, où tout s'accomplira (Jn 19, 30) et où Il sera reconnu comme le Fils (27, 54), nous voyons la sainteté du Père, dont Il est la parfaite réalisation.
Cette sainteté ne nous sépare pas du monde et du pécheur, mais devient une compassion qui se compromet dans chaque situation, une miséricorde qui entre dans chaque misère. Luc traduit ce verset de Matthieu comme suit : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux" (Lc 6,36), où "miséricordieux" fait un mot hébreu signifiant " le sein maternel ".
La caractéristique de Dieu le Père est d'être Mère !
La miséricorde est plus purifiante que toute "sainteté" qui divise le bien et le mal. C'est la sainteté brûlante de la Croix, l'Autre Sainteté, de l'autre, que nous rencontrons en chacun, y compris l'ennemi !